Kékecé que le jeu de la vie de Conway ? Et qu’est ce qu’on peut en tirer pour la communication ? Rassurez vous, pas de nouveau concept ultra complexe bien au contraire…
Le jeu de la vie de Conway, un jeu simple et pourtant fascinant
Le jeu de la vie a été imaginé par John Horton Conway en 1970 et est un automate cellulaire. Ce jeu est un jeu 0 joueur, c’est à dire qu’une fois lancé il ne nécessite pas l’intervention d’une personne pour son bon déroulé et peut donc se dérouler à l’infini.
Le jeu se déroule sur une grille en 2 dimensions, où chaque cellule peut prendre un seul état parmi 2 : Vivante, ou Morte.
Une cellule possède huit voisines, qui sont les cellules adjacentes horizontalement, verticalement et diagonalement.
La progression du jeu se fait par itération, et à chaque itération, 2 règles uniquement vont venir compléter notre jeu, à savoir :
- Une cellule morte possédant exactement trois cellules voisines vivantes devient vivante (elle naît)
- Une cellule vivante possédant deux ou trois cellules voisines vivantes le reste, sinon elle meurt.
Voici un exemple très très simple de l’application de ces 2 règles sur une configuration de départ de 3 cellules alignées “Vivantes”
Vous voyez qu’à chaque itération, la structure change, et dans cet exemple elle “oscille”, on l’appelle le “Blinker“. Mais vous vous doutez que l’intérêt de ce jeu n’est pas uniquement de créer 3 cellules qui oscillent.
De la simplicité né la complexité et l’imprévisibilité
Dans le jeu de la vie de Conway, nos 2 règles simples permettent de faire des choses bien plus intéressantes qu’un clignotant. Je ne vais pas vous noyer sous les informations et les possibilités mais il est possible de faire des vaisseaux (oui oui des vrais !), des structures stables, des oscillateurs, des canons et encore plein de belles choses !
Ce que vous voyez là est un canon à planeur de Gosper qui émet des planeurs. On a réussi à complexifier quelque chose de simple. Et encore une fois, tout cela est possible grâce uniquement à nos 2 règles de départ ! Et vous savez quoi ? Ce n’est pas fini…
Le jeu de la vie de Conway est Turing Complet
Qu’est ce que ça veut dire que cela encore ?
Pour faire simple, dire que le jeu de la vie est turing complet revient à dire que le jeu de la vie est capable d’exécuter n’importe quel algorithme calculable. Par exemple, pourquoi pas faire une horloge ?
Mais si je vous ai dit plus tôt que le fait d’être Turing Complet permettait d’exécuter tous les algorithmes calculables, pourquoi ne pas… boucler la boucle ? Pourquoi ne pas programmer le jeu de la vie dans le jeu de la vie ?
Je ne sais pas vous, mais je trouve ça juste extraordinaire. Partir d’un jeu aux règles s’expliquant en 20 secondes et en arriver aujourd’hui à des systèmes ultra complexes permettant de faire à peu près tout et n’importe quoi. On en arrive à se demander si la vie telle qu’on l’a connait n’est pas régie par 1 ou 2 règles ultra simplistes et qu’il a fallut quelques 5 milliards d’itérations (comprenez années) pour en arriver à la vie telle qu’on la connait aujourd’hui et qui semble ultra complexe… Mais je dérive !
Les rapprochements entre le jeu de la vie et la communication
Maintenant que vous savez plus ou moins ce qu’est le jeu de la vie de Conway, il peut être intéressant de s’intéresser aux rapprochements que l’on peut faire avec la communication, est-ce qu’on peut en tirer quelque chose au quotidien pour un travail de communication ?
Des règles simples
Pour l’un comme pour l’autre, des règles simples viennent poser les bases :
- Les 2 règles énumérées plus haut pour le jeu de la vie.
- Clarté du message et cohérence éditoriale pour la communication.
Ces règles viennent cadrer ce qui sera possible de faire dans un cas comme dans l’autre.
Émergence de structures complexes
- Le jeu de la vie permet l’émergence de structures complexes et imprévisibles selon l’état de départ.
- En communication, selon le marché, les supports, ou les personnes ciblées, il va émerger des solutions plus ou moins complexes qui vont nous aider à communiquer comme on le souhaiterait tout en se basant sur un état initial donné. Les solutions mises en œuvre diffèreront d’une marque à une autre, selon sa notoriété initiale / budget / ligne éditoriale / cible etc… chaque paramètre étant une “cellule” qui va amener à une stratégie (structure) unique complexe.
Adaptabilité et évolutivité
- Les configurations du jeu de la vie peuvent évoluer et s’adaptent en fonction de l’environnement, et c’est au fil des itérations qu’on retrouve des motifs / structures nouveaux qui pourront être utiles pour d’autres structures (par exemple un planeur, c’est joli mais tel quel il ne fait pas grand chose, mais un planeur peut servir de “fil électrique” pour amener une information d’une structure à l’autre par exemple).
- Les agences de communication doivent s’adapter également aux nouveaux usages et outils de communication, aux nouvelles technologies. Elles évoluent avec leur environnement et s’adaptent en conséquence. Chaque outil ou média nécessitant généralement d’adapter son message ainsi que sa forme afin d’être efficace mais surtout doivent évoluer avec leur temps. On ne communique pas en 2024 comme on communiquait en 1980.
Interaction et dynamisme
- Les cellules du jeu de la vie interagissent entre elles, et même si elles ne semblent pas directement liées, elles peuvent former un ensemble cohérent fixe après un certain nombre d’itérations plus ou moins long, une “structure” finale déterminée par un état initial donné. On les appelle les “Mathusalem“.
- En communication, les différents moyens de communiquer, à savoir : Site internet, réseaux sociaux, relation presse, publicité, etc.., interagissent entre eux afin de former après des jours / semaines / mois / années un ensemble cohérent. Même si ces outils ne renvoient pas forcément l’un vers l’autre et semblent indépendants, ils sont pourtant liés à une structure plus globale : une marque.
Équilibre délicat
- Quand notre état de départ du jeu de la vie est bien réfléchi, il donnera les résultats que l’on attendra. Cependant enlevez lui ou rajoutez lui une seule cellule et son comportement sera complètement différent ! Tout comme une petite structure (planeur) qui rencontrerait un mathusalem par exemple, viendrait chambouler la structure de celle ci, et pourrait soit la modifier soit là détruire ou créer plusieurs autres structures.
- En communication également, un changement plus ou moins subtil sur la façon de communiquer ou sur les outils utilisés peut avoir des conséquences importantes sur la perception d’une marque jusqu’à sa destruction. De même l’équilibre peut être rompu par des éléments externes changeant l’image de marque, un peu comme un planeur qui rencontrerait un mathusalem (la marque Lacoste en est un bon exemple).
La communication, un miroir de l’évolution ?
Même si la communication et le jeu de la vie de Conway semblent n’avoir aucun rapport, il est intéressant de voir qu’il est facile de faire des rapprochements. Le principe du jeu de la vie pouvant se rapprocher de l’évolution biologique de par ses règles simples (si une cellule est isolée elle meurt, si elle possède assez de voisines elle vit, si elle possède trop de voisines elle meurt, un peu comme une surpopulation), il est intéressant de voir que la communication peut également suivre un schéma d’évolution à sa manière.
Au final on peut presque dire que la communication n’est qu’une évolution de schémas simples qui se sont complexifiés au fur et à mesure, avec toujours plus d’outils et de paramètres à prendre en compte mais qui sont tous régis par des règles simples de la communication.
Et donc pour communiquer, plutôt que d’imaginer un monstre tentaculaire et complexe à mettre en place, il est intéressant de revenir plutôt aux fondamentaux, et donc aux éléments simples de la communication. Rome ne s’est pas construite en un jour de la main d’un architecte qui avait tout dessiné, elle s’est agrandie et complexifiée au fil du temps. Donc pensez y quand vous souhaitez communiquer, abordez chaque outil individuellement de la manière la plus simple possible, le reste suivra naturellement et qui sait jusqu’où vous irez ?